Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/146

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bras, au col, sur la tête, en bracelets, en colliers, en couronnes ; les lampes brûlaient au milieu d’énormes bouquets ; les plats disparaissaient dans les feuillages ; les vins pétillaient, entourés de violettes et de roses : c’était une gigantesque débauche de fleurs, une colossale orgie aromale, d’un caractère tout particulier, inconnu chez les autres peuples.

À chaque instant, des esclaves apportaient des jardins, qu’ils dépouillaient sans pouvoir les appauvrir, des brassées de clématites, de lauriers-roses, de grenadiers, de xéranthèmes, de lotus, pour renouveler les fleurs fanées déjà, tandis que des serviteurs jetaient sur les charbons des amschirs, des grains de nard et de cinnamome.

Lorsque les plats et les boîtes sculptées en oiseaux, en poissons, en chimères, qui contenaient les sauces et les condiments, furent emportés ainsi que les spatules d’ivoire, de bronze ou de bois, les couteaux d’airain ou de silex, les convives se lavèrent les mains, et les coupes de vin ou de boisson fermentée continuèrent à circuler.

L’échanson puisait, avec un godet de métal armé d’un long manche, le vin sombre et le vin transparent dans deux grands vases d’or ornés