Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/153

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rement inclinés en talus, étaient surmontés d’un acrotère à pointes de métal capable d’arrêter quiconque eût essayé de les franchir. Trois portes, dont les valves s’accrochaient à de massifs piliers décorés chacun d’une gigantesque fleur de lotus plantée au sommet de son chapiteau, coupaient la muraille sur trois de ses pans ; à la place de la quatrième porte s’élevait le pavillon, regardant le jardin par une de ses façades, et la route par l’autre.

Ce pavillon ne ressemblait en aucune manière aux maisons de Thèbes : l’architecte qui l’avait bâti n’avait pas cherché la forte assiette, les grandes lignes monumentales, les riches matériaux des constructions urbaines, mais bien une élégance légère, une simplicité fraîche, une grâce champêtre en harmonie avec la verdure et le repos de la campagne.

Les assises inférieures, que le Nil pouvait atteindre dans ses hautes crues, étaient en grès, et le reste en bois de sycomore. De longues colonnes évidées, d’une extrême sveltesse, pareilles aux hampes qui portent des étendards devant les palais du roi, partaient du sol et filaient d’un seul jet jusqu’à la corniche à palmettes, évasant sous un petit cube leurs chapiteaux en calice de lotus.