Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/158

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Dans les allées marchaient des serviteurs portant sur leur épaule une barre de bois courbé, aux extrémités de laquelle pendaient à des cordes deux pots d’argile remplis aux réservoirs, dont ils versaient le contenu dans le petit bassin creusé au pied de chaque plante. D’autres, manœuvrant un vase suspendu à une perche jouant sur un poteau, alimentaient une rigole de bois distribuant l’eau aux terres les plus altérées du jardin. Des tondeurs taillaient les arbres et leur donnaient une forme ronde ou ellipsoïde ; à l’aide d’une houe faite de deux pièces de bois dur reliées par une corde formant crochet, des travailleurs penchés ameublissaient le sol pour quelques plantations.

C’était un spectacle charmant de voir ces hommes à la noire chevelure crépue, au torse couleur de brique, vêtus d’un simple caleçon blanc, aller et venir parmi les feuillages avec une activité sans désordre, en chantant une chanson rustique qui rythmait leur pas. Les oiseaux perchés sur les arbres paraissaient les connaître, et s’envolaient à peine lorsqu’en passant ils frôlaient une branche.

La porte du pavillon s’ouvrit, et Poëri parut sur le seuil. Quoiqu’il fût vêtu à la mode égyptienne, ses traits ne se rapportaient pas cependant au type national, et il n’eût pas fallu l’observer longtemps