Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/183

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devait immanquablement se trouver Tahoser.

Le jeune oëris était assis au fond de sa chambre sur un siège bas. Aux murs se groupaient en trophées différentes armes : la tunique de cuir écaillée de plaquettes de bronze où se lisait gravé le cartouche du Pharaon, le poignard d’airain à manche de jade évidé pour laisser passer les doigts, la hache de bataille à tranchant de silex, le harpe à lame courbe, le casque à double plume d’autruche, l’arc triangulaire et les flèches empennées de rouge ; sur des socles étaient posés les gorgerins d’honneur, et quelques coffres ouverts montraient le butin pris à l’ennemi.

Quand il vit Nofré, qu’il connaissait bien et qui se tenait debout sur le seuil, Ahmosis éprouva un vif mouvement de plaisir ; ses joues brunes se colorèrent, ses muscles tressaillirent, son cœur palpita. Il crut que Nofré lui apportait quelque message de la part de Tahoser, bien que la fille du prêtre n’eût jamais répondu à ses œillades. Mais l’homme à qui les dieux ont fait le don de la beauté s’imagine aisément que toutes les femmes se prennent d’amour pour lui.

Il se leva et fit quelques pas vers Nofré, dont le regard inquiet scrutait les recoins de la chambre