Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/198

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étaient rentrés, une colonne de poussière, que le vent ne pouvait parvenir à balayer, s’élevait lentement dans le ciel.

« Eh bien, Hora, dit Poëri à Tahoser, la vue de ces moissonneurs et de ces troupeaux t’a-t-elle amusée ? Ce sont les plaisirs des champs ; nous n’avons pas ici, comme à Thèbes, des joueurs de harpe et des danseuses. Mais l’agriculture est sainte ; elle est la mère nourrice de l’homme, et celui qui sème un grain de blé fait une action agréable aux dieux. Maintenant, va prendre ton repas avec tes compagnes ; moi je rentre au pavillon, et je vais calculer combien de boisseaux de froment ont rendus les épis. »

Tahoser mit une main par terre et l’autre sur sa tête en signe d’acquiescement respectueux, et se retira.

Dans la salle du repas riaient et babillaient plusieurs jeunes servantes, mangeant des oignons crus, des gâteaux de dourah et des dattes ; un petit vase de terre plein d’huile où trempait une mèche les éclairait : car la nuit était venue, et répandait une lueur jaune sur leurs joues brunes et leurs torses fauves que ne voilait aucun vêtement. Les unes étaient assises sur de simples sièges de bois ; les autres adossées au mur, un genou replié.