Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/209

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femme de race inconnue et merveilleusement belle. Elle était blanche plus qu’aucune des filles d’Égypte, blanche comme le lait, comme le lis, blanche comme les brebis qui montent du lavoir ; ses sourcils s’étendaient comme des arcs d’ébène, et leurs pointes se rencontraient à la racine d’un nez mince, aquilin, aux narines colorées de tons roses comme le dedans des coquillages. Ses yeux ressemblaient à des yeux de tourterelle, vifs et langoureux à la fois ; ses lèvres étaient deux bandelettes de pourpre, et en se dénouant montraient des éclairs de perles ; ses cheveux se suspendaient, de chaque côté de ses joues de grenade, en touffes noires et lustrées comme deux grappes de raisin mûr ; des pendeloques frissonnaient à ses oreilles, et des colliers d’or à plaquettes incrustées d’argent scintillaient autour de son col rond et poli comme une colonne d’albâtre.

Son vêtement était singulier : il consistait en une large tunique brodée de zébrures et de dessins symétriques de diverses couleurs, descendant des épaules jusqu’à mi-jambe et laissant les bras libres et nus.

Le jeune Hébreu s’assit près d’elle, sur la natte, et lui tint des discours dont Tahoser ne pouvait comprendre la lettre, mais dont elle devinait trop