Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/213

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Pharaon, inquiet et furieux de la disparition de Tahoser, avait cédé à ce besoin de changer de place qui agite les cœurs tourmentés d’une passion inassouvie. Au grand chagrin d’Amensé, de Hont-Reché et de Twéa, ses favorites, qui s’étaient efforcées de le retenir au pavillon d’été par toutes les ressources de la coquetterie féminine, il habitait le palais du Nord, sur l’autre rive du Nil. Sa préoccupation farouche s’irritait de la présence et du babil de ses femmes. Tout ce qui n’était pas Tahoser lui déplaisait ; il trouvait laides maintenant ces beautés qui lui paraissaient si charmantes naguère ; leurs corps jeunes, sveltes, gracieux, aux poses pleines de volupté ; leurs longs yeux avivés d’antimoine où brillait le désir ; leurs bouches pourprées aux dents blanches et au sourire languissant : tout en elles, jusqu’aux parfums suaves qui émanaient de leur peau fraî-