Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/220

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

se laissa tomber le nez sur les dalles, comme tombe un homme mort.

Mais le Pharaon se calma ; sa figure reprit son aspect majestueux, ennuyé et placide ; et, voyant que Timopht ne se relevait pas, il le poussa dédaigneusement du pied.

Quand Timopht, qui se regardait déjà comme étendu sur le lit funèbre à pieds de chacal, au quartier des Memnonia, le flanc ouvert, le ventre vidé et prêt à prendre le bain de saumure, se redressa, il n’osa pas lever les yeux vers le roi et resta affaissé sur ses talons, en proie à l’angoisse la plus poignante.

« Allons, Timopht, dit Sa Majesté, lève-toi, cours, dépêche des émissaires de tous côtés, fais fouiller les temples, les palais, les maisons, les villas, les jardins, jusqu’aux plus humbles cahutes, et retrouve Tahoser ; envoie des chars sur toutes les routes, fais sillonner le Nil en tous sens par des barques ; va toi-même, et demande à ceux que tu rencontreras s’ils n’ont pas vu une femme de telle sorte ; viole les tombeaux si elle s’est réfugiée dans l’asile de la mort, au fond de quelque syringe ou de quelque hypogée ; cherche-la comme Isis a cherché son mari Osiris déchiré par Typhon, et, morte ou vivante, ra-