Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/234

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— Elle s’est affaissée à l’endroit où le mal l’a prise. »

La vieille hocha la tête d’un air de doute.

« Croirais-tu, dit la bien-aimée de Poëri, que son évanouissement n’était pas réel ? Le paraschiste eût pu lui inciser le flanc de sa pierre tranchante, tellement elle ressemblait à un cadavre. Ce regard éteint, ces lèvres pâles, ces joues décolorées, ces membres inertes, cette peau froide comme celle d’une morte, tout cela ne se contrefait pas.

— Non sans doute, reprit Thamar, quoiqu’il y ait des femmes assez habiles pour feindre tous ces symptômes dans un intérêt quelconque, de manière à tromper les plus clairvoyants. Je pense que cette jeune fille avait en effet perdu connaissance.

— Alors sur quoi portent tes soupçons ?

— Comment se trouvait-elle là, au milieu de la nuit, dans ce quartier lointain, habité seulement par les pauvres captifs de notre tribu, que le méchant Pharaon emploie à faire des briques, sans vouloir leur donner la paille pour cuire l’argile moulée ? Quel motif amenait cette Égyptienne autour de nos misérables cabanes ? Pourquoi son vêtement était-il trempé comme si elle sortait d’une piscine ou d’un fleuve ?