Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/237

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s’accrut ; elle eut quelques instants de délire suivis de longues somnolences.

« Si elle allait mourir ici, disait Thamar, on nous accuserait de l’avoir tuée.

— Elle ne mourra pas, répondit Ra’hel en approchant des lèvres de la jeune malade que la soif brûlait une coupe d’eau pure.

— J’irais de nuit jeter le corps au Nil, continuait l’obstinée Thamar, et les crocodiles se chargeraient de le faire disparaître. »

La journée se passa ; la nuit vint, et, à l’heure accoutumée, Poëri, ayant fait le signal convenu, parut comme la veille sur le seuil de la cabane. Ra’hel vint au-devant de lui le doigt sur la bouche, lui faisant signe de garder le silence et de baisser la voix, car Tahoser dormait.

Poëri, que Ra’hel prit par la main pour le conduire au lit où reposait Tahoser, reconnut aussitôt la fausse Hora, dont la disparition le préoccupait surtout depuis la visite de Timopht, qui la cherchait au nom de son maître.

Un vif étonnement se peignit sur ses traits lorsqu’il se releva, après s’être penché sur le lit pour bien s’assurer que là gisait réellement la jeune fille qu’il avait accueillie, car il ne pouvait concevoir comment elle se trouvait en cet endroit.