Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/239

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« Tu vois bien que j’avais raison, maîtresse, dit Thamar d’un ton de triomphe ; Hora et Tahoser sont la même personne.

— Cela est possible, répondit Poëri. Mais il y a ici plusieurs mystères que ma raison ne s’explique pas : d’abord, pourquoi Tahoser (si c’est elle) aurait-elle pris ce déguisement ? et ensuite par quel prodige rencontré-je ici cette jeune fille que j’ai laissée hier soir de l’autre côté du Nil, et qui, certes, ne pouvait savoir où j’allais ?

— Elle t’a suivi sans doute, dit Ra’hel.

— Il n’y avait, j’en suis sûr, à cette heure, d’autre barque sur le fleuve que la mienne.

— C’est donc pour cela que ses cheveux ruisselaient et que sa robe était trempée ; elle aura traversé le Nil à la nage.

— En effet, il m’a semblé un instant entrevoir dans l’obscurité une tête humaine au-dessus de l’eau.

— C’était elle, la pauvre enfant, dit Ra’hel, son évanouissement et sa fatigue le prouvent ; car, après ton départ, je l’ai relevée étendue sans connaissance en dehors de cette cabane.

— Les choses doivent en effet s’être passées de la sorte, dit le jeune homme. Je vois bien les actions, mais je n’en comprends pas les motifs.