Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/245

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vite ; Ra’hel, éclatante, forte et superbe dans sa maturité précoce.

« Tahoser, dit Poëri, car c’est là ton nom, je pense, Tahoser, fille du grand prêtre Pétamounoph… »

La jeune fille fit un signe d’acquiescement.

« Comment se fait-il que toi qui vis à Thèbes dans un riche palais, entourée d’esclaves, et que les plus beaux parmi les Égyptiens désirent, tu aies choisi, pour l’aimer, le fils d’une race réduite en esclavage, un étranger qui ne partage pas ta croyance, et dont une si grande distance te sépare ? »

Ra’hel et Tahoser sourirent, et la fille du grand prêtre répondit :

« C’est précisément pour cela.

— Quoique je sois en faveur auprès du Pharaon, intendant du domaine, et portant des cornes dorées dans les fêtes de l’agriculture, je ne puis m’élever à toi ; aux yeux des Égyptiens, je ne suis qu’un esclave, et tu appartiens à la caste sacerdotale la plus haute, la plus vénérée. Si tu m’aimes, et je n’en puis douter, il faut descendre de ton rang…

— Ne m’étais-je pas déjà faire ta servante ? Hora n’avait rien gardé de Tahoser, pas même