Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/270

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les filles d’Égypte, ton regard soit tombé sur moi, que tant d’autres surpassent en beauté, en talents et en dons de toutes sortes ? Comment au milieu des touffes de lotus blancs, bleus et roses, à la corolle ouverte, au parfum suave, as-tu choisi l’humble brin d’herbe que rien ne distingue ?

— Je l’ignore ; mais sache que toi seule existes au monde pour moi, et que je ferai les filles de roi tes servantes.

— Et si je ne t’aimais pas ? dit timidement Tahoser.

— Que m’importe ? si je t’aime, répondit Pharaon ; est-ce que les plus belles femmes de l’univers ne se sont pas couchées en travers de mon seuil, pleurant et gémissant, s’égratignant les joues, se meurtrissant le sein, s’arrachant les cheveux, et ne sont pas mortes implorant un regard d’amour qui n’est pas descendu ? La passion d’une autre n’a jamais fait palpiter ce cœur d’airain dans cette poitrine marmoréenne ; résiste-moi, hais-moi, tu n’en seras que plus charmante ; pour la première fois, ma volonté rencontrera un obstacle, et je saurai le vaincre.

— Et si j’en aimais un autre ? » continua Tahoser enhardie.

À cette supposition, les sourcils de Pharaon se