Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/281

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ques dont on l’avait frottée assouplissaient encore la pulpe moelleuse et fine de sa peau. Sa chair prenait des transparences d’agate et la lumière semblait la traverser ; elle était d’une beauté surhumaine, et, quand elle fixa sur le métal bruni du miroir ses yeux avivés d’antimoine, elle ne put s’empêcher de sourire à son image.

Une large robe de gaze enveloppait son beau corps sans le cacher, et pour tout ornement elle portait un collier composé de cœurs en lapis-lazuli, surmontés de croix et suspendus à un fil de perles d’or.

Pharaon parut sur le seuil de la salle ; une vipère d’or ceignait son épaisse chevelure, et une calasiris, dont les plis ramenés par-devant formaient la pointe, lui entourait le corps de la ceinture aux genoux. Un seul gorgerin cerclait son cou aux muscles invaincus.

En apercevant le roi, Tahoser voulut se lever de son siège et se prosterner ; mais Pharaon vint à elle, la releva et la fit asseoir.

« Ne t’humilie pas ainsi, Tahoser, lui dit-il d’une voix douce ; je veux que tu sois mon égale ; il m’ennuie d’être seul dans l’univers ; quoique je sois tout-puissant et que je t’aie en ma posses-