Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/284

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accuser la date des années ; son cou brun et plissé se rattachait à ses fortes épaules par des muscles décharnés, mais puissants encore, et un lacis de veines drues se tordait sur ses mains que n’agitait pas le tremblement habituel aux vieillards. Une âme plus énergique que l’âme humaine vivifiait son corps, et sur sa face brillait, même dans l’ombre, une lueur singulière. On eût dit le reflet d’un soleil invisible.

Sans se prosterner, comme c’était l’habitude lorsqu’on approchait du roi, Mosché s’avança vers le trône de Pharaon et lui dit :

« Ainsi a parlé l’Éternel, le Dieu d’Israël : « Laisse aller mon peuple, pour qu’il me célèbre une solennité au désert. »

Pharaon répondit : « Qui est l’Éternel dont je dois écouter la voix pour laisser partir Israël ? Je ne connais pas l’Éternel, et je ne laisserai pas partir Israël. »

Sans se laisser intimider par les paroles du roi, le grand vieillard répéta avec netteté, car l’ancien bégaiement dont il était affligé avait disparu :

« Le Dieu des Hébreux s’est manifesté à nous. Nous voulons donc aller à une distance de trois jours dans le désert et y sacrifier à l’Éternel,