Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/292

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— Oui, mais celui d’Aharon les a dévorés, et c’est un mauvais présage.

— Qu’importe ? ne suis-je pas le favori de Phré, le préféré d’Ammon-Ra ? n’ai-je pas sous mes sandales l’effigie des peuples vaincus  ? D’un souffle je balayerai, quand je voudrai, toute cette engeance hébraïque, et nous verrons si leur Dieu saura les protéger !

— Prends garde, Pharaon, dit Tahoser, qui se souvenait des paroles de Poëri sur la puissance de Jéhovah ; ne laisse pas l’orgueil endurcir ton cœur. Ce Mosché et cet Aharon m’épouvantent ; pour qu’ils affrontent ton courroux, il faut qu’ils soient soutenus par un dieu bien terrible !

— Si leur Dieu avait tant de puissance, dit Pharaon répondant à la crainte exprimée par Tahoser, les laisserait-il ainsi captifs, humiliés et pliant comme des bêtes de somme sous les plus durs travaux ? Oublions donc ces vains prodiges et vivons en paix. Pense plutôt à l’amour que j’ai pour toi, et songe que Pharaon a plus de pouvoir que l’éternel, chimérique divinité des Hébreux.

— Oui, tu es le conculcateur des peuples, le dominateur des trônes, et les hommes sont de-