Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/311

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et il résolut de poursuivre les Hébreux qui s’enfuyaient. Il fit atteler six cents chars de guerre, convoqua ses commandants, serra autour de son corps sa large ceinture en peau de crocodile, remplit les deux carquois et son char de flèches et de javelines, arma son poignet du bracelet d’airain qui amortit le vibrement de la corde, et se mit en route, entraînant à sa suite tout un peuple de soldats.

Furieux et terrible, il pressait ses chevaux à outrance, et derrière lui les six cents chars retentissaient avec des bruits d’airain, comme des tonnerres terrestres. Les fantassins hâtaient le pas, et ne pouvaient suivre cette course impétueuse.

Souvent Pharaon était obligé de s’arrêter pour attendre le reste de son armée. Pendant ces stations, il frappait du poing le rebord du char, piétinait d’impatience et grinçait des dents. Il se penchait vers l’horizon, cherchant à deviner derrière le sable soulevé par le vent les tribus fuyardes des Hébreux, et pensant avec rage que chaque heure augmentait l’intervalle qui les séparait. Si ses oëris ne l’eussent retenu, il eût poussé toujours droit devant lui, au risque de se trouver seul contre tout un peuple.