Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/316

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

hommes, bêtes, chars, comme des pailles saisies par un remous au courant d’un fleuve.

Seul, Pharaon, debout dans la conque de son char surnageant, lançait, ivre d’orgueil et de fureur, les dernières flèches de son carquois aux Hébreux arrivant sur l’autre rive : les flèches épuisées, il prit sa javeline, et, déjà plus qu’à moitié englouti, n’ayant plus que le bras hors de l’eau, il la darda, trait impuissant, contre le Dieu inconnu qu’il bravait encore du fond de l’abîme.

Une lame énorme, se roulant deux ou trois fois sur le bord de la mer, fit couler bas les derniers débris : de la gloire et de l’armée de Pharaon il ne restait plus rien !

Et sur le rivage opposé, Miriam, la sœur d’Aharon, exultait et chantait en jouant du tambourin, et toutes les femmes d’Israël marquaient le rythme sur la peau d’onagre. Deux millions de voix entonnaient l’hymne de délivrance !