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le second rang du collier

cour devient terrasse, une terrasse large, très longue, pavée, et bordée, sur le jardin en contrebas, par un mur, qui forme parapet, à droite et à gauche d’un escalier de pierre. Du haut des marches, on embrasse le jardin dans son ensemble : il paraît immense, un parc infini : car les petits treillages, verdis de mousse, qui le limitent, sont invisibles. L’escalier, assez raide, descend entre deux talus de gazon ; des vases de fonte l’ornent de marche en marche.

En bas, au bord d’une pelouse toute neuve, d’un vert délicieusement tendre, un cerisier a des fleurs, ce qui nous arrache des cris de joie ; puis nous nous lançons en courant sur la pente douce de l’allée. Tout est fin et léger encore, beaucoup d’arbres n’ont presque pas de feuilles et, à travers le réseau des branches, on voit des lointains de verdures plus claires, des taillis, des pelouses, de grands arbres magnifiques, des fuites de perspectives attirantes, mais qui garderont leur mystère puisqu’elles appartiennent à des enclos voisins.

Là-bas, tout au fond, la Seine doit couler derrière la colonnade des hauts peupliers.

Un bonhomme, à dos rond, qui ratisse le gravier des allées, nous salue d’un clignement d’yeux. Ce doit être le père Husson, jardinier du propriétaire, et qui, sans doute, va devenir le nôtre.

Au retour, quelque chose que nous apercevons tout à coup, nous intrigue : c’est une voûte sombre,