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le second rang du collier

per. Mais on ne nous expliqua rien. Mlle  Huet ne revint pas, et on ne parla plus d’elle.

Nous avions repris, tout naturellement, notre vie de libre flânerie : tant de choses nous occupaient, si nouvelles encore ! Et quand nous étions seules à la maison, fatiguées de tourner dans le jardin, de regarder les poules et d’aller voir vingt fois dans leur nid si elles avaient pondu, nous cédions aux instances de Marianne, qui nous suppliait de venir lui lire, un peu, comme autrefois… Nous nous installions dans la cuisine, car Annette, la cuisinière, quoique moins lettrée que Marianne, voulait entendre aussi.

Annette était une petite personne mignonne et grassouillette, avec une poitrine rebondie, très serrée dans son corset, et un cou blanc sur lequel le menton se doublait quand elle baissait la tête ; propre, un peu compassée et très susceptible, elle se fâchait pour rien.

Nous nous asseyions sur le rebord de la fenêtre ouverte, cette fenêtre donnant sur la cour, par laquelle nous passions si souvent, en des sauts prodigieux, et que les bonnes, revenant de la pompe, enjambaient péniblement.

C’était toujours George Sand qu’il fallait relire, et comme, à la fin, nous en étions lassées, nous imaginâmes déjouer quelques scènes des romans : c’était plus nouveau et bien plus amusant. Dans Valentine surtout, nous étions superbes, Marianne