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LE TROISIÈME RANG DU COLLIER

de ce projet de théâtre, dont le Maître vous parlait, je ne crois pas me tromper en disant que vous lui procureriez une véritable et profonde satisfaction : car la vérité sur ces événements a été si complètement défigurée par l’envie, l’incapacité et la haine que bien peu connaissent son vrai visage.

— Vous ne doutez pas que c’est avec joie que je vais faire ce que vous me demandez !

— C’est justement parce que je suis sûre de votre dévouement à cette noble cause que je vous adresse cette prière.

— Mais je ne sais rien de ce projet : où me renseigner pour ne pas m’égarer ?

— Il va sans dire que je vais vous raconter l’affaire, aussi brièvement et clairement que possible. Allons dans mon boudoir, là-haut : vous pourrez prendre quelques notes.

Le boudoir, au premier étage, était une petite pièce, tendue et drapée de soie verte, située dans un angle de la maison. Elle donnait sur le jardin et, entre les arbres, on apercevait le bleu du lac et le mauve des montagnes.

J’avais déjà passé de longues heures dans cette jolie retraite, madame Cosima ayant bien voulu me lire, en la traduisant de l’allemand,