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LE COLLIER DES JOURS

le messager envoyé par lui qui, après tant de vaines recherches, trouvait enfin l’introuvable grand homme.

C’était à Stuttgart : Wagner s’était arrêté là en arrivant de Vienne, d’où il venait de s’enfuir. Pendant plusieurs mois il avait dirigé, à l’Opéra de cette ville, les répétitions de Tristan et Isolde ; l’attente de la « première » et l’espoir de recettes fructueuses aidaient à faire patienter l’hôtelier, qui avait déjà présenté sa note. Mais, après soixante-dix répétitions, à quelques jours de cette « première », par suite d’intrigues et de désaccord, l’œuvre fut déclarée injouable et tout s’écroula. La détention pour dettes existait encore, Wagner la redoutait par-dessus tout, il n’apercevait point de ressources pour désintéresser ses créanciers ; il était donc parti, se raccrochant à un projet de concerts en Russie, qui échoua.

Le découragement, l’amer désespoir, encore une fois, le terrassaient et il croyait ne plus avoir désormais la force de réagir. Dans la plus sombre humeur, il allait quitter Stuttgard et faisait ses préparatifs de départ pour le lendemain matin, quand un garçon de l’hôtel où il était descendu lui apporta une carte de visite sur