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LE COLLIER DES JOURS

selm Feuerbach, aura la médaille d’honneur. L’œuvre est grandiose, en vérité,

et depuis Pierre de Cornelius on n’a pas mieux fait en Allemagne. L’art est donc bien portant… »

— Je vais encore glisser là une phrase, — dit Villiers : « Laissons donc l’exposition, cette déjà vieille nouvelle, et promenons-nous par la ville… »

Et il continue sa lecture :

« Nous aimons Munich, mais tout le monde n’est pas de notre avis. Il est vrai que Munich manque un peu de sergents de ville, qu’on n’y chante pas les Pompiers de Nanterre, qu’on y remarque une absence de viols, d’escroqueries et d’assassinats vraiment désolante pour l’avenir de cette capitale. Par contre, nous avons vu de magnifiques théâtres où l’on joue Gœthe, nous avons visité des musées qui contiennent des trésors d’art et de génie, nous avons vu des monuments du plus pur style grec, des jardins grands comme le bois de Boulogne, des cafés immenses où l’on est servi par de belles filles que personne n’a l’idée de chiffonner outre mesure, à l’exception de quelques loustics de passage et qui en sont pour leurs frais.

« Nous sommes montés dans la Bavaria, l’énorme statue de bronze qui domine la ville et par les yeux de laquelle six personnes peuvent voir, de front, l’espace s’étendre jusqu’aux montagnes du Tyrol.

« Nous avons visité la salle des portraits des dames de beauté du pays… Qu’on se représente une sorte de Galerie Montyon de l’amour, où — si son nez est d’un jet