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LE COLLIER DES JOURS

sonnes présentes et il y a un peu de gêne tout d’abord ; mais on demande du thé, du champagne, les dames allument des cigarettes russes, minces comme des cure-dents, et le malaise se dissipe. Le comte de Berghem, un très séduisant seigneur dont je ne sais rien de plus que le nom, entame une dissertation avec Schuré et Servais sur les analogies qui existent entre les Dieux de l’Edda, parmi lesquels Wagner a pris ses héros, et les dieux de l’Olympe, entre Wotan et Jupiter.

La comtesse Muchanoff est décidée à reconquérir Villiers, qui se dérobe autant qu’il le peut ; mais elle lui fait de si gracieuses avances, témoigne d’une si vive admiration pour son talent et pour son esprit, qu’il reprend toute son assurance.

En somme, cette démarche peut-être singulière, cette invasion imprévue, est plutôt charmante et cordiale.

C’est la conclusion que proclame Villiers. Il n’a plus du tout honte de s’être assis sur le piano en laissant pendre ses pieds ; il regrette seulement de ne pas avoir eu, ce soir, sa croix de Malte dans sa poche, pour l’épingler sur son veston.