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LE TROISIÈME RANG DU COLLIER

Quant à son musée, on en disait plus de mal que de bien : on allait jusqu’à l’appeler : le Crousteum, tant il est vrai que la philanthropie enfante l’ingratitude, car voilà ce que récoltait ce millionnaire, qui croyait bien agir en commandant des tableaux à de pauvres artistes, auxquels on n’avait jamais rien commandé !

En somme, la collection comptait pas mal d’horreurs et quelques très belles œuvres.

Les copies de maîtres, dues au pinceau de Lenbach, par exemple, me parurent extrêmement remarquables. Elles me firent me souvenir d’une commission dont Cosima m’avait chargée pour cet artiste et je me décidai à me rendre aussitôt à son atelier, qui était proche de la galerie Schack.

Lenbach avait une figure fine, un peu narquoise, le regard aigu du chercheur, la barbe courte, d’un brun roux, et il ne souriait que d’un seul coin de la bouche.

Il me montra de délicieux portraits d’enfants, qu’il venait de terminer ; il me fit admirer quelques toiles de maîtres, qu’il possédait, authentiques et de la plus grande beauté, entre autres, une esquisse de Rubens et un