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LE TROISIÈME RANG DU COLLIER

née par la musique, évoque le tableau ! Mieux, peut-être que ne le fera le décor…

Une ondulation paisible balance la lourdeur de l’eau et, tout à coup, dans le cristal fluide, une voix de cristal résonne, en même temps que la naïade coule des hauteurs et nage sous l’eau remuante. Les paroles qu’elle chante forment des allitérations glissantes  :

Weïa ! Waga ! Vogue, vague, va vers ton berceau…


Et elle ondoie autour du récif, au sommet duquel brille d’un éclat douteux un filon d’or ; puis une autre fille du Rhin plonge des hauteurs et poursuit joyeusement sa sœur qui fuit. Mais la voix d’une troisième ondine les gronde, toutes deux, en riant :

Weïa ! Waga ! sauvages sœurs !
Vous veillez mal sur le sommeil de l’or.
Gardez mieux le lit du dormeur !


À son tour, elle s’élance, et les gracieuses habitantes du Rhin nagent et folâtrent, portées par les ondulations harmonieuses de l’orchestre, autour du rocher fatidique où est enfermé l’or, inconnu et vierge encore.

Les filles du Rhin, ici, sont debout sur le plan-