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LE TROISIÈME RANG DU COLLIER

pleine. Ses ennemis sont-ils encore si acharnés contre lui ? Et que feraient-ils ?…

Nous nous arrêtons devant le théâtre pour lire les affiches et voir un peu ce que Perfall complote. La première de l’Or du Rhin est annoncée pour après-demain jeudi. L’intendance s’entête. Il faudra bien qu’elle cède sur un point pourtant : qui conduira l’orchestre, si ce n’est Richter ?

Nous nous engageons dans un dédale de petites rues désertes : des maisons basses, de l’herbe entre les pavés, quelques jardinets.

Alte Pferdestrasse : nous y sommes ! Mes compagnons s’arrêtent à l’angle de la rue et Franz Servais me désigne la maison du très envié Scheffer. La porte est fermée et je sais qu’il n’y a pas de concierge, en général, dans les maisons de Munich. Je vois luire le cuivre de trois sonnettes, mais il fait tout à fait nuit et je n’arrive pas à lire le nom du locataire et le numéro de l’étage, inscrits sous chacune des sonnettes. Au hasard, je tire celle du milieu : c’est Scheffer qui vient m’ouvrir, le hasard m’a servie. Nous montons un petit escalier, peu éclairé ; c’est au premier.

Dès le seuil j’aperçois Wagner, au fond de la seconde pièce, assis sur un vieux canapé.