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LE COLLIER DES JOURS

Tous ces braves gens demeuraient ébahis et ne purent croire que, d’ordinaire, dans cette chère retraite de Tribschen, on ne voyait personne et l’on n’entendait rien du monde extérieur.

Aux questions que Wagner pose à Richter, sur certains passages de l’Or du Rhin, sur l’effet qu’ils rendent et la sonorité de combinaisons nouvelles, je comprends que l’effort qui a dû coûter le plus à l’auteur, dans le renoncement qu’il s’est imposé, c’est de se priver d’entendre son orchestre : sans se l’avouer peut-être, il pense trouver un apaisement à son désir cuisant, dans cette répétition qu’il demande pour le lendemain. De vrai, il n’y aura guère moyen dans un temps aussi court, d’améliorer sérieusement la déplorable mise en scène. Il est évident que le Maître a deux choses à cœur entre toutes : entendre son œuvre, une fois, comme à la dérobée, et empêcher Richter, qui est sans fortune, de perdre sa haute situation de maître de chapelle au Théâtre Royal.

Voyons ce que demain amènera !… Wagner doit essayer, sinon de dormir, du moins de se reposer : Richter et moi, nous prenons congé de lui et le laissons sous la garde du glorieux Reinhard Scheffer.