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LE TROISIÈME RANG DU COLLIER

— Comment ! sans avoir même vu une répétition de votre œuvre ?

— Mais le théâtre serait capable de s’écrouler sur moi, si j’en passais le seuil ! Vous ne comprenez donc pas ? Tartufflipp, lui, comprenait bien : avec quelle sollicitude, avec quelle tendresse, il m’incitait à une prompte fuite !… À tout ce que je pouvais lui dire, il n’avait qu’une réponse : « Ce n’est pas cela qui importe ; ne restez pas… Quel chagrin s’il vous arrivait quelque chose !… »

— Est-ce qu’il parlait au nom de son maître ?

— Pas du tout ! Le roi ignore, sans doute, ma présence. J’ai essayé de le voir, ce matin, à son château de Berg : on m’a dit qu’il était en excursion. Pour empêcher de l’approcher, il y a autour de lui toute une garde. Mais j’entrevois dans cette affaire une cause de récriminations qui peuvent faire tort à la personne royale, et c’est pour tâcher de lui épargner tout ennui que je m’en vais, sans protester. Vous pensez bien que cette somme énorme, que le roi a mise à la disposition du théâtre, a suscité des colères parmi les ministres. Que cette somme ait été gâchée, gaspillée sans profit, par l’incapacité et la fourberie de ceux à qui elle était confiée, cela