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LE COLLIER DES JOURS

des dispositions joyeuses. Tenez, regardez l’excellent Richter, ajouta-t-il en riant, — il pense comme moi : à vingt-huit ans il perd une situation que l’on a bien du mal à obtenir dans l’âge mûr, et, au lieu de la mine contrite qu’il devrait avoir, il nous montre l’expression sincère de la plus complète jubilation.

En effet, assis en face du Maître, Richter, tout d’or, le contemple avec un air de béatitude parfaite.

— C’est que Richter, lui aussi, dis-je, s’envole au-dessus des « misérabilités » ; il emporte même une palme glorieuse et, comme les martyrs dans le cirque, il chante des actions de grâces, tandis que les lions le mangent !

— Parbleu, s’écrie Richter, je vais, comme eux, droit au ciel !…

C’est vrai, car Wagner a « enjoint » à Richter de venir s’installer à Tribschen et d’y attendre les événements.

En passant sur la place Maximilien, le Maître remarque une statue qu’il ne connaissait pas.

— Qui est-ce ? demande-t-il.

— C’est Gœthe, par Windmann, répond Scheffer.

Alors Wagner soulève son feutre en disant :

— Il est très ressemblant !…