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LE TROISIÈME RANG DU COLLIER

toujours à l’abri de ces terribles tracas matériels, de ces honteuses misérabilités, dont j’ai si cruellement souffert. Puis je veux qu’il sache un peu de chirurgie, assez pour pouvoir porter secours à un blessé, faire un premier pansement. J’ai été si souvent désolé de mon impuissance, quand un accident se produisait devant moi, que je veux au moins lui épargner cette peine-là. Autrement, je le laisserai tout à fait libre. Je serais heureux, pourtant, s’il avait du goût pour l’architecture.

— En attendant, me dit Cosima, que la vocation du futur architecte se soit déclarée, vous sentez-vous digne, chère amie, de remplir auprès de lui une mission de confiance ? La nourrice va aller prendre son repas, qu’on lui sert avant le nôtre ; moi, j’ai un bain qui tiédit au soleil ; l’eau ainsi chauffée est très hygiénique : je veux m’y plonger tout de suite, pour ne pas retarder le dîner. Or, c’est l’heure où Fidi a l’habitude de sucer un biscuit trempé dans du madère : il ne reste donc que vous pour le lui faire manger.

Du madère, à cet âge ?… Je suis très surprise, mais je n’objecte rien, ayant le sentiment de mon incompétence.