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LE COLLIER DES JOURS

mais bientôt elle pousse un cri de joie : elle vient de découvrir des fraises ! En effet, des fraises des bois rougeoient sous les feuilles, par-ci, par-là ; nous voici, madame Cosima et moi, acharnées à leur recherche ; mais, très en avant de nous, Wagner nous crie de ne pas nous attarder, et, par un chemin plus âpre, en plein soleil, nous nous hâtons. Ma compagne semble très lasse et même a une défaillance. Je la fais s’asseoir sur un tertre de gazon, et, respirant des sels, elle se remet vite.

— Ne dites rien !… que le Maître ne sache pas, surtout ! s’écrie-t-elle.

Alors elle me raconte qu’elle est restée assez souffrante et un peu faible depuis la naissance de Siegfried, son fils, qu’elle ne m’a pas encore présenté. Wagner, qui est infatigable, croit toujours qu’on est de force à le suivre et ne se consolerait pas s’il savait qu’il s’est trompé : c’est pourquoi il faut triompher du malaise et continuer l’ascension.