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LES CHOSES SE COMPLIQUENT.

Zerbine de l’obséquiosité la plus basse. Isabelle vint aussi et la Soubrette lui fit cadeau gracieusement d’une pièce de taffetas. Sérafine seule resta renfermée chez elle. Son amour-propre n’avait pu pardonner à sa rivale l’inexplicable préférence du marquis.

On dit à Zerbine que Matamore avait été gelé en route, mais qu’il était remplacé par le baron de Sigognac, lequel prenait pour nom de théâtre le titre, bien accommodé à l’emploi, de capitaine Fracasse.

« Ce me sera un grand honneur de jouer avec un gentilhomme dont les aïeux allèrent aux croisades, dit Zerbine, et je tâcherai que le respect n’étouffe point en moi la verve. Heureusement que je suis maintenant habituée aux personnes de qualité. »

Sur ce, Sigognac entra dans la chambre.

Zerbine pliant le jarret de manière à faire bouffer amplement ses jupes, lui adressa une belle révérence de cour bien proportionnée et cérémonieuse.

« Ceci, dit-elle, est pour monsieur le baron de Sigognac, et voici pour le capitaine Fracasse mon camarade, » ajouta-t-elle en le baisant fort vivement sur les deux joues, ce qui faillit décontenancer Sigognac, peu accoutumé encore à ces libertés de théâtre et que troublait d’ailleurs la présence d’Isabelle.

Le retour de Zerbine permettait de varier agréablement le répertoire, et toute la troupe, à l’exception de Sérafine, était on ne peut plus satisfaite de la revoir.

Maintenant que la voilà bien installée dans sa chambre, au milieu de ses joyeux camarades, informons-