Page:Gautier - Les Cruautés de l'Amour, E. Dentu, 1879.djvu/141

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
129
les cruautés de l’amour

Ses cheveux ondulés, ses yeux noirs sous ses énormes sourcils ne manquent pas de charme et, sans ce petit duvet rebelle qui ombrage sa lèvre supérieure, elle serait très-agréable.

— Elle a l’air dur et sa physionomie manque de grâce, dit André.

— Elle sait prendre une expression très-douce lorsqu’elle le veut, mais j’avoue que dans ce moment ses yeux lancent des éclairs. Le noir ne la flatte pas d’ailleurs. Voyez donc au contraire combien notre chère Clélia est ravissante dans ces flots de dentelles noires ; son teint semble dégager de la lumière ; ses cheveux blonds resplendissent et l’étoile de diamants qui brille au-dessus de son front s’éteint dans ces rayons de soleil.

— Oh ! oui, elle est bien belle ! murmura André qui la contemplait avec une muette adoration, et lorsqu’on a levé les yeux sur elle, tout semble noir dans la vie comme lorsque l’on a regardé une lumière trop brillante.

Clélia s’aperçut qu’André et Ovnikof parlaient d’elle, elle quitta le général et s’avança vers eux.

— Ah ! mes amis, leur dit-elle à demi-voix, lorsque l’on n’a qu’une seule pensée dans l’esprit, que le cœur est envahi par un seul sentiment, grave et profond, qu’il est difficile et douloureux d’être