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les cruautés de l’amour

— Comment ! impossible ! et pourquoi cela ? Est-ce que vous nous méprisez ? s’écria Piotr en se levant.

— Te mépriser ! Qu’est-ce que tu chantes ? Tu perds la tête, balbutia Ivan qui ne savait trop que dire.

En voyant l’embarras de son père, André entra.

— Je ne vous dérange pas, j’espère ? dit-il.

— Non, non, dit Ivan, pas du tout ; voilà Piotr qui me demandait la main de ta cousine.

— Eh bien ! tu lui as dit qu’elle était ma fiancée, et que nul n’a le droit de lever les yeux sur elle ?

— J’allais le lui dire lorsque tu as ouvert la porte, s’écria Ivan tout heureux d’être tiré d’embarras.

Catherine et Macha, qui tenait son fils dans ses bras, entrèrent dans la salle. Clélia les suivait.

— Ça va bien, Piotr ? dit Catherine en frappant sur l’épaule du vieillard.

— Bien ! bien ! merci. Ainsi, vous êtes fiancés ? dit-il en regardant les jeunes gens.

— Mais oui, dit Clélia qui baissa les yeux.

— Eh bien, et Akoulina ?

— Akoulina, s’écria Clélia en bondissant vers André, qu’est-ce que cela veut dire ? est-ce que pendant mon absence tu as aimé une autre femme ?