Page:Gautier - Les Grotesques, 1856.djvu/106

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Arnoux et du Père Seguerand ; un athée, comme on l’accusait d’être, n’eût pas été assez soucieux de son salut pour changer de religion ; une haine de moine tient comme une tache d’huile ; pour la faire disparaître il faut emporter la pièce, et les criailleries du Père Garassus débordaient en un gros in-quarto.

« Voicy, dit Théophile, encore un flot d’injures où il escume avec plus de fureur ; il m’appelle athéiste, corrupteur de jeunesses et adonné à tous les vices imaginables. Pour athéiste, je lui réponds que je n’ai pas publié, comme luy et Lucilio Vanino (professeur de théologie, qui fut brûlé vif), les maximes des impies, qui ont été autant de leçons d’athéisme (car ils les ont réfutées aussi bien l’un que l’autre, et laissent au bout de leurs discours un esprit foible, fort mal édifié en sa religion) ; que, sans faire le savant en théologie, je me contente, avec l’apôtre, de ne sçavoir que Jésus-Christ et iceluy crucifié, et où mon sens se trouve à court à ce mystère, j’ay recours à l’autorité de l’Église, et croy absolument tout ce qu’elle croit ; pour l’intérieur de mon âme, je me tiens si content des grâces de Dieu que mon esprit se témoigne partout incapable de méconnaître son Créateur ; je l’adore et je l’aime de toutes les forces de mon entendement, et me ressens vivement des obligations que je lui ai ; que pour ce qui paroît au dehors en la règle de mes mœurs, je fay profession particulière et publique de chrétien catholique romain, je vay à la messe, je communie, je me confesse ; le Père Seguerand, le Père Athanase et le Père Aubigny en feront foy ; je jeûne aux jours maigres, et le dernier caresme, pressé d’une maladie où