Page:Gautier - Les Grotesques, 1856.djvu/112

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Qu’un saint homme de grand esprit
Enfant du bienheureux Ignace,
Disoit, en chaire et par écrit,
Que j’étois mort par contumace ;
Que je ne m’estois absenté
Que de peur d’estre exécuté,
Aussi bien que mon effigie :
Que je n’estois qu’un suborneur,
Et que j’enseignois la magie
Dedans les cabarets d’honneur ;

Qu’on avoit bandé les ressorts
De la noire et forte machine
Dont le souple et vaste corps
Estend ses bras jusqu’à la Chine ;
Qu’en France et parmi l’estranger
Ils avoient de quoy se venger,
Et de quoy forger une foudre
Dont le coup me seroit fatal,
En deust-il couster plus de poudre
Qu’ils n’en perdirent à Vital.

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À Paris soudain que j’y fus,
J’entendois, par le bruit confus,
Que tout estoit prest pour me cuire
Et je doutois avec raison
Si ce peuple m’alloit conduire
À la Grève ou dans la prison.

Icy donc comme en un tombeau,
Troublé du péril où je resve,
Sans compagnie et sans flambeau,
Toujours dans le discours de Grève ;
À l’ombre d’un petit faux jour
Qui perce un peu l’obscure tour,
Où les bourreaux vont à la guette,
Grand roy, l’honneur de l’univers,