Page:Gautier - Les Grotesques, 1856.djvu/18

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arrivé de parler du Nicolas Boileau Despréaux comme un jeune romantique à tous crins de l’an de grâce mil huit cent trente. Nous demandons pardon de ces incongruités, et nous lirons sept fois par pénitence l’Ode sur la prise de Namur.

Ces écrivains dédaignés ont le mérite de reproduire la couleur de leur temps ; ils ne sont pas exclusivement traduits du grec et du latin. Les centons de Virgile et d’Horace s’y rencontrent moins fréquemment. Il est vrai que l’imitation italienne et espagnole y remplace souvent l’imitation de l’antiquité ; mais c’est du moins une imitation vivante et contemporaine, qui ne sent pas le collège et les férules du régent de rhétorique. Vous retrouvez dans ces bouquins mille détails de mœurs, d’habitudes, de costumes, mille idiotismes de pensée et de style que vous chercheriez en vain ailleurs. — Plus occupés de produire de l’effet dans la ruelle des Iris et des Philis que de l’art poétique, ces auteurs ne se servent que des idées à la mode, des tours en usage et des termes qui sont du bel air, et l’on se fait d’après eux une idée beaucoup plus exacte du langage de ce temps-là, que d’après les chefs-d’œuvre des maîtres, qui semblent n’avoir vécu que dans Athènes ou dans Rome.

Nous en dirions beaucoup plus long, que nous ne