Page:Gautier - Les Grotesques, 1856.djvu/224

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Paquier.

En effet, monsieur, les Topinambous, qui demeurent quatre ou cinq cents lieues au-delà du monde, vinrent bien autrefois à Paris ; et l’autre jour, encore, les Polonais enlevèrent la princesse Marie, en plein jour, à l’hôtel de Nevers, sans que personne osât branler.

Corbinelli.

Mais ils ne sont pas contents de ceci ; ils ont voulu poignarder votre fils.

Paquier.

Quoi ! sans confession ?

Corbinelli.

S’il ne se rachetoit par de l’argent.

Granger.

Ah ! les misérables ! c’étoit pour inoculer la peur dans cette jeune poitrine.

Paquier.

En effet, les Turcs n’ont garde de toucher a l’argent des chrétiens, à cause qu’il a une croix.

Corbinelli.

Mon maître n’a jamais pu dire autre chose, sinon : Va-t’en trouver mon père, et lui dis… Ses larmes aussitôt, suffoquant la parole, m’ont bien mieux expliqué qu’il n’eût su faire la tendresse qu’il a pour vous.

Granger.

Que diable aller faire aussi dans la galère d’un Turc ! d’un Turc ! — Perge !

Corbinelli.

Ces écumeurs impitoyables ne vouloient pas accorder la liberté de vous venir trouver, si je ne me fusse jeté aux genoux du plus apparent d’entre eux. Eh ! monsieur le Turc, lui ai-je dit, permettez-moi d’aller avertir son père, qui vous enverra tout à l’heure sa rançon.

Granger.

Tu ne devois pas parler de rançon ; ils se seront moqués de toi.

Corbinelli.

Au contraire, à ce mot, il a un peu rasséréné sa face. Va, m’a-t-il