Page:Gautier - Les Grotesques, 1856.djvu/256

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à désirer, même maintenant, et le livre où il traite du sonnet est fait ex professo. — Colletet était un grand admirateur du sonnet, et il en parle avec amour. Rien de ce qui touche à cette importante matière ne lui paraît de peu d’importance ; il fait tout ce qu’il peut pour démontrer que le sonnet n’est pas d’origine italienne, comme on le croit communément, ni même d’origine provençale, mais bien d’origine purement française. Il dit que ce n’est ni Bertrand de Marseille, ni Guilhem des Amalrics, ni même Girard de Bourneuil qui ont inventé ce noble poème, puisque dans les chansons du comte de Champagne Thibaut VII, qui vivait du temps de la reine Blanche, c’est-à-dire l’an 1226, il en est fait mention expressément ; le vers est ainsi conçu :


Et maint sonnet et mainte recordie.


Et dans le roman de la Rose, dans la partie rimée par le poète Guillaume de Lorris, qui vivait sous le roi saint Louis, on trouve cet autre vers qui témoigne que les Français en avaient usé :


Lais d’amour et sonnets courtois.


Ainsi donc, nous pouvons bien, à juste titre, ôter aux Italiens l’honneur du sonnet qu’ils s’attribuent faussement, puisque nous avions Sonnet avant qu’ils eussent jamais pensé d’avoir Sonetto.

Les premiers qui restaurèrent le sonnet en France, furent Mellin de Saint-CelaiSj Clément Marot et surtout Du Bellay, car on n’en rencontre que très-peu dans les œu-