Page:Gautier - Les Grotesques, 1856.djvu/257

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vres des deux premiers. Du Bellay en a fait beaucoup et de fort beaux. Ses sonnets sur une belle fille nommée Olive sont accompagnés d’autres sur la ville de Rome qui ont forcé le temps et sont restés au nombre des beaux sonnets de la langue. Ponthus de Thiart suivit de bien près Du Bellay dans cette nouvelle composition, puisque ce fut à son imitation qu’il composa ses Erreurs amoureuses pour Panthée, avec des sonnets qu’il publia pour la première fois à Paris, l’an 1554. Antoine de Baif écrivit les amours de Francine en quatre livres, aussi en sonnets, et le grand Ronsard, lui-même, publia, à peu près vers ce temps, une centaine de sonnets amoureux pour sa belle Cassandre, qui obtinrent un succès prodigieux. Olivier de Magny, auteur des Amours de Eustyanire, Jacques Tabureau, Amadis Jamin, Jodelle, Jean de la Péruse, Scœvole de Sainte-Marthe, Pierre de Brach et beaucoup d’autres publièrent, vers ce temps-là, leurs sonnets amoureux pour leurs belles maîtresses.

Mais certes, celui qui, de son temps, effaça tous les autres dans ce genre d’écrire, je veux dire dans l’artificieuse contexture du sonnet, ce fut Philippe Desportes, abbé de Tyron, puisque ses sonnets amoureux pour Diane, pour Hippolyte et pour Cléonice, plurent infiniment aux beaux esprits de la cour pour leur grâce naïve et pour leur grande et nouvelle douceur. Isaac Habert, Gilles Durand et Laroque de Clermont en firent aussi qui ne cèdent guère à ceux de Desportes, quoiqu’ils soient moins connus.

Depuis cela on peut bien dire avec raison que le sonnet dégénéra en quelque sorte entre les mains et par la