Page:Gautier - Les Grotesques, 1856.djvu/299

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avait acquise à ne rien faire ! — Car ce n’est pas une bagatelle qu’un poème héroïque en vingt-quatre chants, de douze cents vers chacun, avec invocation, apparitions, combats à la hache et au sabre, marches et contre-marches, épisodes, descriptions, prédictions et tout le matériel de l’épopée, plus un sens allégorique et symbolique très-passablement entortillé, ainsi qu’on peut le voir par l’explication suivante :

« Je lèverai ici le voile dont ce mystère est couvert, et je dirai, en peu de paroles, qu’afin de réduire l’action à l’universel, suivant les préceptes, et ne pas la priver du sens allégorique par lequel la poésie est faite l’un des principaux instruments de l’architectonique, je disposai toute la matière de telle sorte que la France doit représenter l’âme de l’homme en guerre avec lui-même et travaillé par les plus violentes émotions. Le roi Charles, la volonté maîtresse absolue, et portée au bien par sa nature, mais facile à porter au mal sous l’apparence du bien ; l’Anglois et le Bourguignon, sujets et ennemis de Charles, les divers transports de l’appétit irrascible qui altèrent l’empire légitime de la volonté ; Amaury et Agnès, l’un favori, et l’autre amante du prince, les différents mouvements de l’appétit concupiscible qui corrompent l’innocence de la volonté par leurs inductions et par leurs charmes ; le comte de Dunois, parent du roi, inséparable de ses intérêts et champion de sa querelle, la vertu qui a ses racines dans la volonté, qui maintient les semences de la justice qui sont en elle et qui combat toujours pour l’affranchir du joug tyrannique des passions. — Tanneguy, chef du conseil de Charles, l’en-