Page:Gautier - Les Grotesques, 1856.djvu/330

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Mais la terre a-t-elle des rois
Qui soient dignes d’en être esclaves ?


Puis la dissertation de rigueur sur l’excellence et précellence du poème épique sur tous autres, la manière de le conditionner et de le servir ; si le poème épique doit être fabuleux ou historique ; si l’on peut ou non y employer la mythologie, et mille autres belles questions où le poète fait voir, comme c’est la coutume, qu’il sait fort bien toutes les proportions et les alignements que l’art enseigne et qu’il a consulté les maîtres là-dessus, c’est-à-dire Aristote et Horace, et après eux Macrobe, Scaliger, le Tasse, Castelvetro, Picolomini, Vida, Vossius, Pacius, Riccobon, Robortel, Paul Benni, Mambrun et plusieurs autres ; qu’il a lu et relu fort exactement l’Iliade et l’Odyssée d’Homère, l’Enéide de Virgile, la Guerre civile de Lucain, la Thébaïde de Stace, les Roland amoureux et furieux du Boyardoet de l’Arioste, l’incomparable Hiérusalem du fameux Torquato, et grand nombre d’autres poèmes épiques en diverses langues, tels que sont les premiers livres de la Franciade, de Ronsard ; et Saint-Louis du père Lemoine, ce beau poème de la Conquête de Grenade, le plus bel ouvrage que l’Italie nous eût donné depuis le Tasse ; et finalement il prouve comment la poésie n’a pas été inventée, comme Castelvetro le prétend à tort, per dilettare è ricreare gli animi della rozza moltitudine è del commune popolo, mais bien pour délecter les dieux et les rois.

Dans la même dissertation il s’excuse, par les plus illustres autorités, d’avoir l’ait son Alaric amoureux de la belle Amalazonthe, Hugo a dit :