Page:Gautier - Les Grotesques, 1856.djvu/390

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blie. C’est là que brille dans tout son éclat le véritable esprit gaulois, et il est à regretter que le cant anglais, qui s’est introduit dans nos mœurs, nous prive de ces bonnes farces un peu grasses où le drolatique de l’expression fait oublier la licence du détail. Scarron, par le fond de son style, tient au vieil idiome, et, relativement à plusieurs de ses contemporains, il est quelque peu archaïque, le burlesque se composant d’une foule d’expressions proverbiales, de locutions familières, de termes populaires qui restent encore longtemps dans la conversation après avoir été bannis du style soutenu. Ce que nous disons de Scarron peut s’appliquer à d’autres et aux plus illustres. Molière, bien que écrivant à la même époque que Racine, est de cent ans plus vieux comme langue. Nous n’entendons pas par là lui faire un reproche ; car, selon nous, la langue de Molière est une des plus belles qu’il ait été donné à l’homme de parler ; nous voulons seulement dire que la tragédie, du moins telle que les classiques la comprennent, renferme moins d’idiotismes que la comédie.

Boileau ne se montre pas fort tendre à l’endroit de Scarron et du Typhon en particulier. On connaît ces vers de l’Art poétique :


La cour, enfin désabusée,
Distingua le naïf du plat et du bouffon,
Et laissa la province admirer le Typhon.


Mais Boileau, outre la délicatesse superbe de son goût, avait peut-être quelque rancune contre Scarron ; Gilles Boileau, frère aîné du poète, avait eu avec l’écrivain de vives escarmouches d’épigrammes ; il avait été même jus-