Page:Gautier - Les Grotesques, 1856.djvu/418

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pièces et les poésies diverses de Scarron, sonnets, épithalames, requêtes, étrennes, épîtres, rondeaux, odes burlesques, chansons à boire. Ne pouvant marcher et n’ayant guère d’autres distractions, il composait presque sans cesse ; joignez à cela qu’il avait une immense facilité, et vous comprendrez aisément que le recueil de ses œuvres soit considérable. Les deux Légendes de Bourbon, les Adieux au Marais, la Foire de Saint-Germain, Héro et Léandre, les Requêtes à la Reine, l’Épître à la comtesse de Fiesque, la Lettre à son ami Sarrazin, en vers trisyllabiques, son Sonnet sur Paris, et deux ou trois autres où l’emphase poétique est fort agréablement raillée, sont les morceaux les plus lus et les plus souvent cités.

L’existence de Scarron n’était en quelque sorte qu’une trêve entre la vie et la mort, et qu’il fallait s’attendre à voir rompre au premier jour. Chaque année, malgré les secours de la médecine, les soins de Quenault et ceux de sa femme, ses souffrances s’aggravaient de façon à lui faire comprendre que sa fin était prochaine. Toute son inquiétude était de laisser sans ressource une femme jeune, belle et honnête, à laquelle il était tendrement attaché. La cour se disposait alors au voyage en Guyenne pour le mariage de Louis XIV, et cet éloignement de ses amis l’attristait encore davantage. Un jour, il fut pris d’un accès de hoquet si violent, que l’on crut qu’il allait mourir. Dans les courts moments de répit que lui laissaient les convulsions, il dit : « Si j’en reviens jamais, je ferai une belle satire contre le hoquet. » Il ne put tenir sa parole, car il retomba bientôt malade, et voyant autour de son lit les gens de sa maison tout en larmes : « Mes amis,