Page:Gautier - Les Grotesques, 1856.djvu/45

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Ces gentes espaules menues,
Ces bras longs et ses mains traictisses[1],
Petitz tetins, hanches charnues,
Eslevées, propres, fayctisses[2],
A tenyr amoureuses lysses[3] ?
Ces larges reins, le sadinet[4],
Assis, sur grosses fermes cuysses
Dedans son joly jardinet.

Le front ridé, les cheveulx gris,
Les sourcilz cheuz[5], les yeulx estainctz,
Qui faisoient et regards et riz,
Dont maints marchans furent attaincts
Nez courbé de beautés loingtains,
Oreilles pendans et moussues[6],
Le vis pally, mort et destainctz[7],
Menton foncé[8], lèvres paussues.

C’est d’humaine beauté l’yssues,
Les bras courts et les mains contraictes[9],
Les espaules toutes bossues :
Mammelles, quoi ? toutes retraictes[10] ;
Telles les hanches que les tettes,
Du sadinet, fy ! quant est des cuysses,
Cuysses ne sont plus, mais cuyssettes,
Grivelées[11] comme saulcisses.

Ainsi le bon temps regrettons
Entre nous pauvres vieilles sottes,

  1. Tirées en long, effilées.
  2. Disposées commodément.
  3. Bataille.
  4. De sade, agréable.
  5. Tombés.
  6. Flétries et couvertes de duvet, comme il en vient aux vieilles femmes.
  7. Décoloré.
  8. Creusé par la chute des dents.
  9. Contractées, retirées.
  10. Rentrées.
  11. Marquetées, étoilées de taches comme le plumage des grives.