Page:Gautier - Les Grotesques, 1856.djvu/71

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Et en qui la noblesse et magnanimité
De Roland se retouve, et la pudicité
D’une mesme Angélique, aussi renouvelée,
Tel que Théagenès avec sa Chariclée,
Les plus loyaux amans qui furent sous les cieux,
Amorchés du désir d’un hymen gracieux.
Bref, en un Virbluneau et en une Angélique,
Le triomphe d’honneur, la vertu héroïque,
Les attraits de Vénus, la naifve beauté,
La grâce, la splendeur, la ferme loyauté,
Et l’excellente foy d’une amour chaste et saincte,
Se revoit dans leurs cœurs engravée et empreinte,
D’un renom immortel par un los florissant,
Qui décore leurs noms tousiours en accroissant.
Ainsi à eux est dû la couronne de gloire,
La palme et le laurier, trophée de victoire.


Les camarades de ce temps-là valaient certainement bien les camarades de ce temps-ci ; et, quoiqu’il ne se soit pas trouvé de spirituel M. de La Touche pour les stigmatiser, ils étaient à coup sûr d’aussi intrépides thuriféraires que quiconque ; — leur manière de louer a même quelque chose d’effrontément naïf qui me charme plus que je ne le saurais dire : point de demi-louange, point de réticence, point de ces petits éloges cauteleux et furtifs qui ne compromettent en rien celui qui les donne. L’auteur pour qui l’on se pâme en grec et en latin (bien différent des louangeurs modernes, qui savent à peine le français, ceux-là savaient le grec et le latin, voire même l’hébreu) ; l’auteur, dis-je, est toujours, et sans la moindre restriction, une rare merveille à nulle autre pareille, sa muse sans seconde la première du monde, ainsi de suite, jusqu’à entière extinction des rimes en onde ou en eille.

Homérus, auprès de lui, n’est qu’un petit grimaud,