Page:Gautier - Les Grotesques, 1856.djvu/92

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mine ainsi : « Vous savez que, depuis quatorze ans de notre connoissance, je n’ai point eu d’autre maladie que l’horreur des vôtres, mes déportemens ne laissent point en mon corps quelque marque d’indisposition honteuse, non plus que vos outrages en ma réputation, et, après une très-exacte recherche de ma vie, il se trouvera que mon adventure la plus ignominieuse est la fréquentation de Balzac. »

Balzac ne répondit rien à ces récriminations foudroyantes, et son silence prouve qu’il devait avoir beaucoup de torts, puisqu’il se laissait traiter aussi cruellement après avoir été l’agresseur, — et ressuscité une vieille querelle éteinte depuis longtemps. L’attaque de Balzac, au reste, est vague et déclamatoire, et sa conduite est inexcusable, car il ne faut pas oublier qu’en ce moment Théophile était sous le coup d’une accusation capitale, et en prison à la Conciergerie, dans le même cachot où avait été enfermé le régicide Ravaillac.

À son retour de Hollande il composa, pour les fêtes de la cour, des ballets, cartels, devises et mascarades qui lui firent beaucoup d’honneur, tels qu’Apollon Champion, les Princes de Cypre, les Nautonniers, et autres allégories dans le goût de l’époque. Ces pièces sont pleines de concetti, à la manière italienne, et se font remarquer par l’excessive recherche des idées ; elles sont, au reste, bien écrites, et aussi ingénieuses que tout ce que Benserade et Boisrobert ont fait de mieux en ce genre.

Dans l’Apollon Champion on lit ces beaux vers :


C’est moi dont la chaleur donne la vie aux roses,
Et fait ressusciter les fruits ensevelis.