Page:Gautier - Les Roues innocents.djvu/116

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cigares, du vin de Champagne et des feuilletons pour vous distraire. — À propos, vous savez sans doute que Calixte se marie avec Rudolph ?

Dalberg bondit sur sa chaise et cria d’une voix rauque, étranglée par la colère :

— Tu mens !

— Je dis la vérité… Les bans vont être publiés, s’ils ne le sont déjà. Vous pâlissez, vous y tenez donc toujours à cette Calixte ? Elle aime Rudolph…

Dalberg couvrit sa figure de ses deux mains et ne répondit pas ; mais bientôt des larmes jaillirent par l’interstice de ses doigts.

— Et Rudolph le lui rend bien ; — ce sera un ménage de colombes. — Ils seront heureux et auront beaucoup d’enfants comme dans les contes de fées. — Tiens ! vous pleurez ! quelle bêtise ! dit Amine en écartant une des mains de Dalberg ; il faudra pourtant bien vous habituer à cette idée-là. — Je viendrai vous avertir du jour précis de la noce, car il n’est pas probable qu’on vous envoie un billet de faire part à Clichy. — Adieu, mes amitiés à Florence.




IX


Lorsque Amine fut partie, Dalberg tâcha de se persuader qu’elle avait versé cette fausse nouvelle sur sa douleur comme du vinaigre sur une blessure, et que le mariage de Rudolph et de Calixte était une pure invention.

Cette idée lui rendit un peu de calme.

Mais que devint-il lorsqu’il aperçut sur le journal