Page:Gautier - Les jeunes France, romans goguenards.djvu/167

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Cette main ainsi campée rappelait singulièrement les mains de madone allaitant l’Enfant Jésus, quoique son occupation fût assurément loin d’être aussi virginale.

D’ailleurs, madame de M***, toute émue du baiser sensuel et recherché de Rodolphe, ne songeait aucunement à s’y soustraire, et puis, au fond, elle aimait Rodolphe. Il se mettait fort bien, quoique un peu étrangement ; malgré sa moustache et sa royale, c’était un joli garçon, et, en dépit de son donquichottisme de passion, il était prodigieusement spirituel ; je dis prodigieusement pour donner à entendre que ce n’était pas un imbécile, car, depuis quelque temps, on a tellement abusé de ce mot, qu’il a tout à fait perdu sa valeur et sa signification primitives ; bref, il y avait physiquement et intellectuellement dans notre ami Rodolphe la matière d’un amant très-confortable.

Mon intention était de conduire Rodolphe jusqu’à la dernière extrémité, en le faisant passer à travers tous les petits obstacles prosaïques qui rendent si difficile la conquête d’une femme, même lorsqu’elle ne demande pas mieux que d’être vaincue.

J’aurais décrit soigneusement la manière dont il s’y était pris pour écarter ou soulever, l’un après l’autre, tous les voiles gênants qui s’interposaient entre sa déesse et lui ; comment il était parvenu à s’emparer de telle position, et à se maintenir dans telle autre, et une infinité d’autres choses, singu-